Par institutions, il faut entendre l’État, mais aussi toutes les organisations publiques et privées qui, parce qu’elles les financent et les contrôlent, sont responsables d’une mission éducative. Imaginons qu’à la faveur d’une prise de conscience elles décident de promouvoir la pratique généralisée d’une pédagogie efficace. Leur rôle devra être à l’image de cette pédagogie qui aide les gens, favorise la liberté, l’esprit d’équipe et l’initiative, qui veut que chacun apprenne à se prendre en charge.
L’efficacité pédagogique, en effet, ne se décrète pas. On ne la promulguera pas à grand renfort de circulaires expliquant ce qu’il faut faire et ne pas faire. Elle ne pourra s’enraciner et se répandre que par un mouvement provenant de la base, de ceux qui sont en contact direct avec les apprenants, qui ont mission de les aider ; les éducateurs eux-mêmes et leurs hiérarchies directes.
Cela ne veut pas dire que les institutions n’auront rien à faire ? Bien au contraire. Leur rôle sera essentiel, mais il ne s’agira pas de décréter. Il s’agira de permettre, d’autoriser, d’ouvrir portes et fenêtres.
Permettre, cela veut aussi dire financer, recruter, mais aussi assurer la cohérence, l’homogénéité de l’ensemble, la progressivité de la démarche et bien d’autres choses encore.
Tout cela représentera un effort considérable tant sur le plan de l’inventivité, que sur les plans financier et politique, car le succès dépendra largement de l’adhésion de la société elle-même, et de la mesure dans laquelle elle percevra qu’apprendre et comprendre est bien un droit qu’il est souhaitable d’ouvrir concrètement à tous.
Ne nous leurrons pas, ce qui est ici décrit est, en effet, une politique. Et il faudra bien qu’un jour elle soit conçue puis mise en œuvre si l’on désire pour nos sociétés un avenir meilleur dans le respect de ses valeurs fondamentales de justice, d’égalité véritable et de progrès.