L’écriture et les schémas ne doivent jamais être ambigus, - jamais proposer une simplicité trompeuse dont le prix est toujours l’à peu près et finalement l’incompréhension, - jamais contenir d’erreurs, ni dans le choix des mots, ni dans les chiffres, ni dans l’orthographe ou la clarté de la langue, - jamais contenir de phrases qui, bien que claires, pourraient sembler difficiles ou compliquées à certains, jamais contenir de mots inutiles ou obscurs - jamais présumer de connaissances, chez les apprenants, qu’ils ne posséderaient pas tous, d’une manière absolument certaine.
Pour atteindre ce résultat, il faut éviter les fausses peurs : d’être trop détaillé, ou ennuyeux. Il ne faut pas non plus préjuger l’absence d’intérêt chez les apprenants pour des détails répétitifs ou trop élémentaires, sachant d’ailleurs qu’il sera si facile pour eux de « sauter ».
Au moment où j’écris ces lignes, je feuillette un livre d’un philosophe très connu dont le titre m’a attiré. Dès l’introduction, il parle « d’ontologie directe », de « détermination phénoménologique » de « métaphysique de l’imagination » de « conscience rêveuse », de « liens anthropocosmiques ». Je ne suis pas philosophe. Je devine que ces mots recouvrent des notions très simples mais je ne les connais pas. Son introduction aurait-elle été vraiment plus longue s’il avait pris la peine d’éclairer la lanterne des gens comme moi ?
Je ne comprends pas le travers qui consiste à parler ou à écrire en supposant connues des bases sur lesquelles, par-dessus le marché, on sait que les gens ne s’entendent pas toujours. Que dirions-nous d’un roman où l’auteur négligerait de nous présenter les personnages, sous prétexte qu’on parle d’eux dans d’autres livres ?
On ne peut sûrement pas généraliser cette idée. Il est clair que les auteurs de certains travaux ou de communications dans des congrès n’ont pas, toujours, à tout reprendre depuis le début. Leur but n’est pas d’être compris par tout le monde mais d’informer des collègues qui en sont à peu près au même point qu’eux.
Dans une démarche pédagogique, il faut être compris par tout le monde (*). On n’a le droit de considérer comme connues que les notions qui le sont, - sans aucun doute possible. Le critère c’est l’absolue clarté pour tous. Si une information contribue à cette clarté il faut la donner. Si elle n’y contribue pas, il faut la supprimer. Il s’agit, en d’autres termes d’un respect absolu de l’esprit d’autrui et de ses exigences.
(*) Par « tout le monde », il faut comprendre l’ensemble des « destinataires », une catégorie que le bon éducateur envisagera toujours de manière très inclusive, comme se composant de tous ceux qui, en pratique, se présentent à lui pour recevoir son enseignement.