En dépit du fait que mes séminaires « marchaient tout seuls » (je parle de ce processus d’apprentissage qui s’enclenche et qui fait que les apprenants avancent dans la compréhension d’un mouvement qu’ils semblent animer eux-mêmes, et que le tuteur accompagne plus qu’il ne le dirige), j’étais à la fin de chaque journée épuisé, vidé de cette énergie invisible mais bien réelle que néanmoins je devais fournir.
Une des raisons : l’imperfection de mes notes qui ne jouaient aucun rôle et qui faisaient que je restais, pendant le déroulement des séminaires, la seule source d’informations des apprenants.
J’ai peu à peu pris conscience de ce qu’était un texte didactique.
Il y a, en effet, une grande différence entre un écrit technique dont le but est de cerner les structures d’une connaissance, et un écrit didactique, dont le but est de faciliter sa compréhension. La démarche n’est pas la même. C’est un autre travail, tout aussi long et difficile, sinon plus. Mes notes correspondaient à la première de ces démarches : Comment ceci marche-t-il ? Pourquoi ? Selon quels mécanismes ? Quelles règles en dirigent le fonctionnement ? Il était clair qu’il me fallait aller beaucoup plus loin, bien au delà des exigences de la description logique et de la clarté formelle.
J’ai aussi pris conscience d’une seconde exigence plus importante encore.
Il fallait que le matériel puisse être manipulé par les apprenants pendant le séminaire et que son usage, loin de les isoler les uns des autres, les incite à travailler ensemble, à communiquer et à comprendre en s’entraidant.