socrate
A propos de l’auteur | Droits d’utilisation
Chapitre II - Pédagogie : la rencontre

34 - Le trac ? Mais quel genre de trac ?

Le trac est un malaise bien connu de tous ceux qui doivent affronter un public, et en particulier des conférenciers, des professeurs, des tuteurs : « Arriverais-je à parler ? Vais-je être ridicule ? Va-t-on percer à jour mes lacunes, mon ignorance, ma maladresse ? »
On dit que le fait de se lancer, de prononcer quelques phrases cohérentes, fait disparaître cette angoisse.

Je pense que Fred a réussi une très grande chose en déplaçant chez nous la cause du trac.
C’est lorsque nous parlions, éteignant du même coup toute activité dans le groupe, que nous le ressentions, et c’est lorsque nous laissions le groupe travailler et discuter qu’il disparaissait.

Fred, qui était toujours encourageant, voire admiratif, toujours prêt à souligner tout ce que nous disions ou faisions de juste, - je me souviens de son air soucieux et du ton sombre de sa voix lorsqu’il voulait nous faire prendre conscience que le silence du groupe était un très mauvais signe, un signe d’échec, de faillite, de mauvais travail.
Fred, en n’hésitant pas, contrairement à son habitude, à se montrer sévère (terrible même), a fait de sorte que nous éprouvions la passivité d’un groupe comme une atmosphère extrêmement pesante, gênante.

Ce silence du groupe a fini par m’être insupportable. Il me faisait bourdonner les oreilles. Il desséchait mes lèvres et ma langue. Il me donnait envie de m’enfuir, de disparaître sous terre, mais surtout, de changer pour, enfin, réussir.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007