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Chapitre II - Pédagogie : la rencontre

32 - Le système « Observateurs et observé »

Pendant toute cette période de notre formation, ceux d’entre nous qui n’animaient pas avaient pour tâche « d’observer » celui qui était sur la brèche. C’est là, je crois, un aspect essentiel de la formation à cette pédagogie

Le collègue chargé d’animer présentait les « observateurs » comme des stagiaires aussi peu impressionnants que possible.
Nous ne nous placions pas, tous ensemble, dans le fond de la salle comme des contrôleurs. Nous nous mêlions aux apprenants. Nous nous asseyions aux mêmes tables qu’eux, n’hésitions pas à leur parler, ou à travailler avec eux.

Nous prenions nos notes comme nous le pouvions, à la va-vite. Il s’agissait de remarquer, certes, les défauts et les erreurs, mais aussi les instants qui fonctionnaient bien.

Ces notes avaient pour but premier de nous aider, nous qui les prenions, pour nous constituer comme un stock d’exemples, de ce qu’il fallait imiter et de ce qu’il ne fallait pas faire. Leur but second était de nourrir la discussion que nous aurions le soir, après le départ des apprenants.

Ces réunions, que nous appelions à l’américaine « séances de brain storming » ont toujours été sympathiques même si parfois, elles n’allaient pas sans une certaine tension. Jamais elles n’ont tourné à la critique négative ou acerbe. Jamais, non plus, nous ne nous sommes laissés aller à une indulgence complice et mensongère.
La confiance que nous avions les uns dans les autres nous permettait d’être parfaitement francs.
Nos notes étaient frappantes par leur similitude. Nous remarquions tous les mêmes choses.
D’une manière générale, la personne critiquée était d’accord avec les critiques. Elle était consciente de leur pertinence.

Ces critiques ont été utiles aux « observés » mais, comme nous l’avions prévu, elles ont aussi été utiles aux « observateurs », car évidemment, chaque remarque forçait celui qui la notait à imaginer ce qu’il aurait fait lui-même dans la même circonstance. Et il devait en rendre compte : « A ta place, j’aurais... ».


© Nicolas WAPLER- Septembre 2007