Le moment était venu de régler un certain nombre de points pratiques.
Durée : Notre enseignement prendrait la forme d’un « séminaire ». Il était tout à fait évident que notre méthode n’était applicable que si nous pouvions rester avec nos apprenants le temps qu’il faut, un temps qui permet d’aller en profondeur, qui donne l’impression qu’on a « tout le temps », un temps où les aiguilles d’une montre ne jouent pas le rôle de couperet. Un temps mesuré en journées, donc.
Combien de jours ? Cinq jours d’affilée !
Je pense que le fait qu’il était impossible de prévoir quelle durée serait nécessaire pour couvrir le programme a compté. Comment calculer ? Tel exercice allait-il prendre dix minutes… ou une heure ? Personne ne pouvait le dire.
Cinq jours a pourtant été une sage décision pédagogique. Il est prudent de prévoir large ; pour ne pas avoir à se presser, pour ne pas avoir à sauter, pour permettre à chacun d’aller au rythme qui lui convient. Il est plus facile d’occuper une personne qui a très rapidement fait le tour d’une question pendant que les autres cherchent encore, que de forcer tout le monde à aller au pas de gymnastique. On peut « gérer » l’éventuelle (et rare) mauvaise humeur de quelqu’un qui trouve que cela traîne. Obliger quelqu’un à aller trop vite, c’est le perdre. Et ça, c’est grave.
Nombre d’élèves : Combien allions-nous réunir d’apprenants dans chaque session ? Vingt ou trente, comme cela se faisait souvent ? C’était exclu, et totalement contraire à l’esprit dans lequel nous allions travailler.
Le choix a été de 9. D’où nous est venu ce chiffre ? Je l’ignore. De Fred peut-être. La pratique nous a prouvé par la suite (car nous avons aussi tâtonné) que ce nombre est bien le bon. Au-delà, on commence à « perdre » des gens parce qu’on ne peut pas s’occuper de tout le monde dans un groupe trop nombreux.
Cette question du nombre pose de gros problèmes. Un enseignement (et un séminaire en particulier) c’est aussi une affaire économique, une opération coûteuse. Le souhait de répartir ces frais sur un grand nombre est une tentation très forte. Les gens qui tiennent les cordons de la bourse, sont toujours là, à un autre étage, derrière quelque porte capitonnée, pour le rappeler. Leur métier ? Les gros sous, pas la pédagogie. Comment ont-ils accepté ce chiffre de 9 ? Quelqu’un à dû les convaincre que sans cette limite, notre opération ne marcherait pas, qu’elle ressemblerait à n’importe quel enseignement où l’on trouve normal de perdre des gens. Il a dû les convaincre que le faible nombre d’apprenants qui participeraient à chacun de nos séminaires serait compensé par l’efficacité de l’enseignement qu’ils recevraient et sur lequel il ne serait plus besoin de revenir. Nos comptables, dont la mission était plutôt de « couper » les coûts que de les augmenter, ont sans doute pris leurs calculettes et vu que ça « collait ».