Ce sont parfois des raisons très superficielles qui poussent un jeune à choisir tel ou tel métier. Personnellement, j’avoue n’avoir réfléchi à rien. Je me suis lancé « dans la banque », comme ça, parfaitement au hasard. Un de mes amis m’y encourageait : « Les banques recrutent, profites-en ». Comme je n’avais pas d’autre idée, je me suis présenté au bureau de recrutement d’un des quatre très grands établissements français et j’ai été engagé.
Dès le lundi suivant, je suivais le programme « initiation bancaire » proposé par le service de la formation.
Nous étions, je crois, une quarantaine, garçons et filles. Nous avons assisté à toute une série de cours pendant lesquels la grande difficulté était de ne pas s’endormir. Nos professeurs étaient des professionnels, des sous-directeurs ou des chefs de services dont la carrière, de leur propre aveu, était un peu en suspens. Chacun devait nous présenter un aspect de notre futur métier.
De ces cours, je n’ai gardé aucun souvenir si ce n’est que, pendant toute une après-midi, un vieux monsieur proche de la retraite nous a parlé de l’étalon-or ; comme si la finance internationale était encore régie par ce système !
Je me souviens aussi d’une séance où l’organigramme de la banque nous a été présenté. Un schéma touffu et parfaitement illisible était projeté sur un écran. Une voix monocorde et gémissante lisait le contenu de chaque case : « Au-dessous du Président de la banque, il y a la Direction générale. Au-dessous de la Direction générale, les différentes directions. Il y en à six. La première, c’est la Direction internationale, ici, à gauche (l’homme était armé d’une baguette). Elle est dirigée par un Directeur central qui lui-même est assisté par… » Cela dura des heures.
Ces cours étaient si ennuyeux, si éloignés de toute réalité pratique, si manifestement inutiles, qu’un de mes camarades se sentit obligé de le dire à l’un de nos professeurs qui était ouvert au dialogue :
Mais ces cours n’ont aucun sens !
Ne vous inquiétez pas. L’essentiel, vous le verrez dans les services. C’est « sur le tas » que vous apprendrez votre métier !
Il parlait de la phase suivante.