socrate
A propos de l’auteur | Droits d’utilisation
Chapitre I - Apprendre quand personne ne vous aide

2 - L’angoisse de l’étudiant

Quelques mots sur les années d’université. De nouveau, je dois dire que j’en ai gardé un souvenir plus que mitigé. Je suis conscient pourtant qu’elles m’ont été très utiles.
Ces années sont en effet essentielles. Elles apportent aux jeunes la possibilité de mûrir, de se trouver, de s’approfondir, surtout lorsque leurs études ne sont pas liées à des préoccupations trop directement « utilitaires ». Le trait majeur qu’il me faut mentionner, c’est que ce temps a été, en ce qui me concerne en tout cas, un temps de travail solitaire.

Disparition de l’encadrement qui existait à l’école et de la figure du professeur. Plus de professeur ! Le professeur remplacé par une personnalité, connue par ses travaux de recherche et ses ouvrages, merveilleusement intéressante mais aussi inaccessible qu’une vedette de cinéma ou un homme politique. Nous nous réunissions par centaines autour d’elle dans d’immenses amphithéâtres pour l’écouter dire son cours qui, le plus souvent, existait également sous la forme d’un polycopié. Leurs assistants, qui nous rassemblaient par lots d’une quarantaine dans des séances de « travaux pratiques », étaient à peine plus présents. Eux aussi nous « parlaient », et ils se contentaient de corriger deux ou trois fois par an quelque dissertation ou exposé qu’ils nous donnaient à faire.
Plus encore qu’à l’école, je me suis senti seul.

- Seul face au discours.
- Seul face aux lectures en bibliothèque.
- Seul face aux rares devoirs obligatoires, dont nous devions, d’ailleurs, deviner nous-mêmes comment il fallait les faire.
- Seul face aux choix : d’une inscription ici ou là, d’une matière à privilégier, d’un sujet à approfondir.

Mon angoisse s’est concentrée autour des examens qu’il fallait réussir à tout prix pour obtenir les diplômes dont on disait qu’ils constituaient l’indispensable passeport d’entrée dans la vie professionnelle et dans la vie tout court.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007