socrate
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Conclusion

80 - Le nœud coulant

Les obstacles, chacun le sait, sont faits pour être franchis. Malheureusement pour notre cause, ceux que je viens de citer se combinent en une sorte de mécanisme pervers dont la dynamique est très puissante, et cela, tout particulièrement en France.

Concentrons notre attention sur l’aspect le plus prosaïque de la question. Nos gouvernants ont depuis longtemps le nez collé sur le problème du financement. Sollicités par d’autres exigences dont l’urgence leur apparaît tout aussi grande, loin d’envisager la mise en œuvre d’une véritable politique de l’enseignement, ils espèrent pouvoir régler ses problèmes sans augmenter les dépenses, voire, en les réduisant.

Il est tout à fait normal qu’ils profitent de cette absence de demande pour une pédagogie efficace de la part de ce public qui espère pouvoir tirer son épingle du jeu dans le cadre du système tel qu’il existe ; de ce public pour lequel une réforme pédagogique profonde apparaît plus comme un danger, que comme une nécessité ; de ces parents qui ne peuvent faire autrement que de penser : « Que nos jeunes passent d’abord le bac, tel ou tel concours, qu’ils soient admis dans telle école dont les diplômes sont à la clef des emplois ! On s’occupera du reste plus tard. ».

Il y a là une sorte d’alliance inconsciente et objective dont les effets vont bien au-delà de ce que l’on imagine. L’instinct d’économie des pouvoirs va toujours aussi loin qu’il le peut. Il ne s’arrête que lorsqu’il rencontre une résistance qui, pour l’instant, est anémique. Il s’étend donc, cherche à économiser en « dégraissant le mammouth », ce qui veut dire en réduisant le nombre des professeurs.
Le résultat ? L’inverse de ce qu’il faut : Des réformes inopérantes, une dégradation du service public de l’enseignement et, pour ce qui est de la pédagogie, des bavardages compliqués et inutiles.

Il est évidemment très difficile d’imaginer comment sortir de ce piège apparemment sans issue. Mais la nécessité impose toujours sa loi, qui finira bien par s’exprimer, un jour ou l’autre, sous la forme d’un projet politique valable et de grande ampleur.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007