Ces deux faits sont liés et découlent de la nature des choses.
Les professeurs dits « traditionnels » qui ont créé un cours, aussi clair que possible, et qui doivent le mettre à la disposition de leurs élèves, n’ont pas d’autre moyen que de le « dispenser », de le dire, du mieux qu’ils peuvent, à leur classe. Ils n’ont pas le choix. Leur pédagogie de « professeur qui parle » ne résulte pas d’une préférence mais du fait que le temps leur est chichement mesuré et qu’ils en disposent de très peu pour leurs élèves qui, de plus, sont trop nombreux.
Quelle attention peuvent-ils, en effet, consacrer à chacun ? Le compte est facile à faire ; quelques minutes de temps en temps - une instruction ou un conseil, à l’occasion. Ils essayeront parfois d’en voir certains plus longuement en dehors des heures de cours, mais en prenant sur leur temps libre. « Parler » est le moyen le plus efficace dont ils disposent pour rendre présente leur matière à leurs élèves le plus longtemps possible. Qui leur donnerait tort ? Et il faut reconnaître leur inventivité en terme d’activités alternatives pour faire, autant que possible, équilibre au terrible poids qu’ils doivent donner au discours ; mais s’attendre à ce qu’ils puissent, vraiment, mettre en œuvre des techniques de pédagogie active, quand bien même ils les connaîtraient, est une illusion.
Il est clair que dans les conditions où ils travaillent, elles sont inapplicables.
L’importance dans les différents domaines de l’éducation de la pédagogie traditionnelle (qui n’est pas, disons-le, une « pédagogie » mais plutôt un « enseignons-aussi-bien-que-possible-dans-les-conditions-qui-nous-sont-faites ») et la présence relativement faible de la pédagogie active n’est pas une affaire de doctrine mais de temps alloué par matière et de nombre d’élèves par éducateur.
Il en va ainsi partout, dans l’enseignement scolaire ou universitaire aussi bien que dans le domaine de la formation professionnelle.