L’expression « cooperative learning » s’est répandue à partir des années 1970 aux Etats-Unis, puis, un peu partout dans le monde, pour qualifier un nombre croissant de méthodes pédagogiques définies par des professeurs, des chercheurs, des psychologues, des équipes de consultants, et mises en application dans tous les contextes possibles ; scolaires, universitaires, professionnels, mais aussi, contextes sociaux qui impliquent une communication entre personnes cherchant à atteindre un but commun (et cela va de l’organisation du travail dans l’entreprise jusqu’à la réhabilitation de jeunes délinquants dans des institutions spécialisées).Ce que ces méthodes ont en commun c’est leur insistance sur un travail par petits groupes (de trois ou quatre personnes) composés, organisés et conduits selon des critères précis, adaptés à chaque cas particulier. Nous ne pouvons donner ici qu’un aperçu très succinct de l’esprit qui inspire ces méthodes.
La pédagogie coopérative consiste à créer les conditions dans lesquelles les apprenants, rassemblés en petits groupes, coopéreront pour atteindre, individuellement et collectivement, les objectifs qu’ils se sont, ou qui leur ont été assignés. Il s’agit d’une pédagogie qui se concentre sur la manière dont les équipes de travail sont composées, et sur la manière dont la coopération y est organisée et dont son fonctionnement est contrôlé. Elle se différencie des pédagogies, encore largement majoritaires, où les étudiants sont en rivalité les uns avec les autres (competitive learning) ou cherchent à atteindre, seuls, leurs objectifs, sans se soucier de leurs condisciples. (individualistic learning)
Composition des groupes : Il s’agit avant tout de mettre ensemble des individus aux profils très divers ; des gens de cultures, de races (*) et de milieux sociaux différents, mais aussi qui n’ont, face à l’apprentissage, pas les mêmes facilités (abilities) ou les mêmes problèmes (disabilities). Cette diversité est considérée comme le « carburant » même d’une coopération efficace et enrichissante.
Organisation de la coopération :
Le travail peut être divisé horizontalement : Les membres du groupe se partagent les tâches de « lecteur » - « vérificateur de la compréhension » - « stimulateur de participation » - « élaborateur de connaissance »... Ces responsabilités, que chacun assume vis à vis des autres et pour les autres, ont pour but de permettre au groupe d’atteindre ses objectifs.
Le travail peut être découpé verticalement et réparti : La subdivision doit être conçue de manière à ce que chacun ne puisse réaliser sa part que si les autres réalisent la leur.
Ces différentes modalités d’organisation (il en existe d’autres) ne sont efficaces que si tous les membres du groupe pratiquent un certain nombre de « vertus » (skills) coopératives :
Ils doivent apprendre : à se connaître les uns les autres, à se faire confiance, à se parler, à s’apprécier, à s’entraider. Ils doivent être conscients de leurs responsabilités vis-à-vis des autres et de leur devoir de leur donner les informations, les explications et les encouragements nécessaires.
Le développement de ces qualités « sociales » ne doit pas être laissé au hasard. Elles doivent être enseignées par le professeur qui vérifie si elles sont correctement exercées par tous.
Contrôle de la coopération :
Il doit être permanent et porter sur chaque aspect et sur chaque personne. Il est fait à la fois par les membres du groupe eux-mêmes et par l’enseignant, selon des méthodes qui peuvent être très variées.
Jugement d’ensemble :
Ces techniques sont le plus souvent appliquées dans un esprit libéral (insistance sur la liberté et la responsabilité personnelle) mais parfois, hélas, répressif (recours à des contrôles punitifs et à un véritable système de surveillance réciproque des individus). Selon les cas d’espèce, elles donnent donc une impression de liberté ou... d’embrigadement. Il n’en demeure pas moins qu’elles se montrent efficaces tant pour l’apprentissage que dans la perspective plus large de la capacité des individus à communiquer dans un environnement social caractérisé par la diversité.
Aux Etats-Unis, un organisme spécialisé a recensé 600 études publiées sur des exemples concrets de pédagogie coopérative. Il les a évaluées et a calculé des moyennes qui confirment leur efficacité et justifient l’intérêt qu’on doit leur porter.
(*) Une des raisons de l’intérêt que leur portent les institutions éducatives officielles aux Etats-Unis tient au rôle qu’elles peuvent jouer, et qu’elles jouent effectivement, dans le domaine de l’intégration raciale.