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Chapitre III - L'épreuve de la durée

63 - Travail en groupe avec un matériel didactique

Très rapidement, les deux outils que j’avais créés, unités de sens et exercices, sont entrés de plein pied dans le processus d’apprentissage pour constituer l’axe même du travail des apprenants. Je n’ai pratiquement pas eu à les y « introduire ». Ils y sont entrés tout seuls, comme attirés par un aimant.

Un mouvement de va et vient :
Les apprenants (dans leurs sous-groupes de trois) se saisissaient d’un exercice qui, en quelque sorte, faisait office de « question » à résoudre. Ils consultaient ensuite l’unité de sens qui en principe contenait les éléments de réponses. Ils la discutaient, puis ils faisaient l’exercice. Parfois, ils travaillaient dans l’autre sens, étudiant d’abord l’unité de sens avant de se lancer dans les exercices. La collaboration entre membres de chaque sous-groupe était immédiate et intense. Souvent, lorsqu’un problème semblait le mériter, les sous-groupes ressentaient le besoin d’échanger leurs idées avec les autres sous-groupes. Une conversation générale apparaissait alors spontanément, où les idées étaient débattues dans le plus grand ordre et la plus grande clarté.

La différence entre unités de sens et exercices
Pendant longtemps je me suis soumis, sans y penser, à l’idée que dans les unités de sens, il n’y a rien d’autre à faire qu’examiner, lire, comprendre, discuter, alors que dans l’exercice, par définition, il y a quelque chose à faire ; un blanc à remplir, une liaison à déterminer, une structure à déceler.
J’ai peu à peu pris conscience que les unités de sens et les exercices avaient beaucoup en commun. Comme l’exercice, l’unité de sens est composée d’un titre, d’un texte, et très souvent d’une illustration graphique. Comme l’exercice, elle suscite chez les apprenants des réflexes d’observation et de réflexion.
J’ai, donc commencé à concevoir certaines unités de sens comme pouvant, elles aussi, contenir quelque chose à faire. Je me suis rendu compte, à l’usage, que cette forme d’unité de sens était très utile.

En dépit de cela, la différence entre les deux est restée très forte :

  • Visuellement, leur aspect est resté différent (couleur de fond, présentation, commandes informatiques).
  • Les apprenants n’avaient pas à leur égard le même comportement. L’unité de sens était quelque chose qu’ils analysaient en chercheurs. L’exercice quelque chose dont ils se saisissaient en compétiteurs, en champions.

Une voie à explorer :
J’ai souvent pensé que l’on pourrait concevoir un matériel où unités de sens et exercices ne se distingueraient pas. Je n’ai pas approfondi cette question qui mériterait à mon sens d’être explorée et expérimentée.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007