socrate
A propos de l’auteur | Droits d’utilisation
Chapitre II - Pédagogie : la rencontre

12 - Comment créer un modèle et le faire accepter ?

Comment crée-t-on un modèle ? Je ne crois pas qu’il y ait de règle, mais ce que je sais c’est qu’il faut y consacrer autant de temps, d’énergie et d’imagination que nécessaire, laisser venir l’inspiration, discuter, glaner toutes les suggestions que peuvent avoir les uns ou les autres.
Lorsque l’on pense avoir trouvé une idée, il faut la tester, la perfectionner, étudier son utilité, sa portée, ses limites, et cela jusqu’à ce que l’on sente que l’on a réussi.

Supposons maintenant que l’on parvienne à créer le modèle de représentation dont on a besoin et qu’il ait les qualités requises. Il reste encore un obstacle de taille. Comment faire en sorte que ceux auxquels il est destiné l’utilisent ? On peut, en effet, rencontrer de nombreuses résistances. Voici les principales :

Le modèle (c’était le cas du nôtre), peut être si simple, il peut imiter la réalité avec un tel réalisme, que beaucoup de gens peuvent avoir du mal à comprendre qu’il faut quand même en apprendre le maniement et l’utiliser.
Beaucoup de ceux qui connaissent déjà l’environnement dans lequel on veut les perfectionner, ont développé pour leur propre usage, une sorte de langage mental qui fait office de modèle. Ils ont spontanément tendance à défendre ce modèle personnel et à vouloir continuer à l’utiliser. Ils rejettent donc souvent le système de représentation qu’on leur propose, même s’il peut leur simplifier la vie. Ce rejet est d’autant plus fréquent que les personnes en question sont avancées dans la connaissance concernée. L’utilisation d’un modèle qui n’est pas le leur, leur apparaît comme un désaveu des efforts qu’elles ont faits jusqu’à présent, un acte de soumission à une autorité qu’elles ne veulent peut-être pas reconnaître, une remise en cause de tout ce qu’elles savent, un effort inutile ou dangereux ; un peu comme si on voulait leur imposer un nouvel alphabet pour écrire leur propre langue.

Ces obstacles ne sont pas à négliger. Ils peuvent être le signe que le système proposé est réellement imparfait, que sa portée n’est pas suffisante, qu’il est ambigu ou peu clair. Mais ils peuvent aussi être le signe qu’on n'a pas su démontrer ses avantages, qu’on n’a pas laissé aux gens le temps de se familiariser et de s’exercer avec lui. Combien d’enfants (et d’adultes) seraient moins mauvais en maths si les livres et les professeurs accordaient plus de place et d’importance à l’apprentissage des symboles qu’ils utilisent ?

Un modèle graphique doit être enseigné, montré, expliqué. On doit permettre aux gens de s’exercer à l’utiliser jusqu’à ce qu’ils se sentent parfaitement à l’aise avec lui.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007