Les gens sont contents de comprendre. Ils s’en attribuent essentiellement le mérite à eux-mêmes. Vous, on vous en sait gré, mais on vous laisse toujours un peu sur votre faim de compliments. C’est toujours vous qui devez féliciter les autres. Alors, il vous arrive de faire votre petit numéro. Et c’est à ce moment-là qu’on vous admire. Vous multipliez ces instants où c’est vous qui vous mettez sur le devant de la scène en repassant toujours le même disque, et vous finissez par croire que vous avez acquis votre réputation de bon tuteur grâce à votre science et à vos morceaux de bravoure, et non par la vertu d’une pédagogie que vous n’avez pas inventée et dont vous n’êtes, après tout, qu’un modeste praticien.
Page 130