Les idées dont nous débattions avaient un caractère très concret. Il s’agissait toujours de définir le comportement correct d’un enseignant : ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire.
Ce qui nous intéressait c’était les idées applicables qui nous permettraient d’être efficaces. Les autres idées, celles qui auraient eu pour but de définir la nature ou la portée de ce que nous ferions, nous n’en parlions pratiquement jamais.
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... nous n’avons jamais fait de « théorie », jamais parlé en jargon pédagogique, jamais essayé d’analyser la « philosophie » de ce que nous allions faire.
Jamais Fred ne nous a parlé des travaux des grands pédagogues de notre temps, ni de psychologie, ni de sciences cognitives, ni de théorie de la communication : « Tout ça vous aidera peut-être un jour à comprendre pourquoi vous réussissez à enseigner correctement, mais j’ai l’impression que, pour l’instant, vous n’en avez pas vraiment besoin... »
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Certains d’entre nous ont (bien sûr) lu des choses. Ces lectures nous ont-elles aidés ? Je ne le crois pas. Jamais, en tout cas, elles n’ont servi à alimenter nos discussions. Jamais aucun de nous n’a péroré : « Wittgenstein dit que ... » ou : « D’après untel... ».
Notre travail consistait à apprendre un savoir-faire, pas des théories.
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