Je réussis, parfois, puis de plus en plus souvent, à susciter la participation de tous. Je composais avec mes symboles, rapidement, simplement, clairement, les grandes lignes d’une question : « Imaginez la situation suivante : Que peut-on faire ? » Le problème, que je rejetais sur le groupe (au lieu de le charger sur mes propres épaules), générait presque automatiquement la réflexion. L’un ou l’autre osait une idée : « On pourrait faire ceci ! » Un autre suggérait : « ou cela ! » Un troisième n’était pas d’accord... C’est alors que s’enclenchait un mécanisme qu’il suffisait ensuite de guider par d’infimes remarques, d’alimenter par tel ou tel renseignement ou commentaire.
Je me souviens qu’alors, naissait ce « bruissement » (que l’on entend lorsque les gens parlent et communiquent entre eux) ... Il agissait sur nous comme une sorte de baume réconfortant. Quelque chose s’ouvrait en nous, la conscience que nous étions bien ce tuteur qui est là non pas pour « expliquer » mais pour favoriser le « processus d’apprentissage ». Et le moment, gage suprême de succès, arrivait. J’entendais : « C’est très clair, la meilleure solution consiste à... » Ou : « Mais alors, la formule, on peut l’écrire ainsi ! » Et je lisais sur les visages de Fred et de mes collègues, la satisfaction compétente des connaisseurs qui savent apprécier « la belle ouvrage » ; mais surtout, je pouvais voir, entendre, palper la satisfaction des apprenants qui avaient le sentiment bien réel de comprendre et d’apprendre.
Pour ma part, c’est d’abord au bruit de la salle que je me rendais compte si je faisais bien, ou non, mon travail.
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