J’aborde ici une question d’une extrême importance : La qualité des relations humaines dans un enseignement qui fonctionne de la manière que j’ai décrite.
Il s’agit de quelque chose de difficile à définir mais qui se manifeste avec une très grande évidence.
Dans toute action pédagogique, apprenants et éducateur entrent dans une relation d’une grande densité. Cette relation est faite d’écoute, de confiance, de communication. Elle se manifeste par la parole, les gestes, le regard et toutes sortes de signes plus ou moins visibles mais très profondément compris par ceux qui les reçoivent : Expression des visages, attitude corporelle qui peut, comme on le sait, être fermée (bras croisés, épaules voûtées, ensemble du corps un peu tassé, voix étouffée, yeux insaisissables), ou au contraire ouverte (gestes larges, voix naturelle, buste droit, regard souriant).
Dans les enseignements qui « marchent », tout semble s’ouvrir. Chacun, selon ce que sa personnalité lui permet, apparaît plus libre, plus enthousiaste, plus concentré, plus détendu, plus heureux. D’une façon mystérieuse, la relation dont je parle s’éveille, change. Il ne s’agit pas d’amitié (comment pourrait-on la construire en si peu de temps ?) mais d’un contact qui, tout à coup, apparaît comme direct, dégagé de tout a priori, de tout jugement, de toute exigence, libéré de toute peur de l’autre, de tout désir de lui donner de soi une image quelconque.
La remarque bienveillante, le sourire, le rire même, sont là, comme affleurant en permanence, et il sort de tout cela une sensation de confort tout à fait favorable au travail, à l’échange et à l’entraide.
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