Je pourrais faire la liste de vingt professeurs qui ont été gentils avec moi, qui ont passé du temps avec moi, qui ont donc essayé de m’aider. Cette attention qu’ils me portaient parfois, après les leçons, ne m’était d’aucun secours. Ils répétaient patiemment ce qu’ils avaient déjà dit en classe. Ils essayaient de tirer de moi les réponses qu’ils avaient en tête aux questions qu’à leur avis j’aurais dû me poser, réponses que j’étais incapable de concevoir, pas plus d’ailleurs que je n’arrivais à comprendre leurs questions. Je lisais alors dans leurs yeux leur découragement et comprenais, qu’au fond, ils partageaient la conviction qui était la mienne, qu’il n’y avait rien à faire, que seul un miracle serait à même de me sauver.
Je ressentais mon incapacité comme une fatalité qui résultait d’une mystérieuse infériorité.
Je n’étais, bien entendu, pas seul dans ce cas. Pratiquement tous mes camarades, à l’exception de quelques « forts en thèmes », étaient en fait logés à la même enseigne. Nous étions des médiocres incapables de profiter de l’enseignement que nos professeurs nous dispensaient.
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