Une question nous troublait : Mais si ce sont les élèves qui parlent, qui raisonnent, qui formulent, cela voulait-il dire que le professeur n’explique jamais rien ? Cela voulait-il dire qu’il ne fait pas… de cours ?
Chacun de nous avait sur ce point une position différente.
- Les uns pensaient qu’en effet, il ne s’agissait plus pour lui de faire un cours, et qu’en fait d’explications, il devait s’en tenir au minimum, qu’il devait poser les grandes lignes des questions, donner les informations nécessaires, et après, laisser parler et éviter de « vendre la mèche » inutilement.
- D’autres disaient qu’il pouvait, bien sûr, proposer des explications lorsque c’était nécessaire, mais que celles-ci devaient toujours rester « discutables », matière à discussion, qu’elles ne devaient jamais avoir le caractère de vérités définitives qu’il s’agit d’avaler. Les vérités définitives, c’était aux élèves de les formuler.
- D’autres enfin, qu’il fallait se montrer pragmatique : « Dès lors que l’éducateur comprend qu’il faut laisser les gens parler et réfléchir, et surtout ne jamais les en empêcher par des interventions intempestives, il ne peut pas commettre d’erreurs. »
Certains suggéraient que laisser les gens réfléchir et s’exprimer pouvait même nous aider à mieux comprendre nous-mêmes notre matière en entendant des explications auxquelles nous n’aurions pas songé. Alors pourquoi ne pas en profiter ?
Nous avons essayé de résumer. J’ai retrouvé dans mes notes les deux phrases suivantes dites, sans doute, par l’un ou l’autre d’entre nous :
« L’élève est là pour faire des découvertes, pas pour subir des démonstrations. »
« Le tuteur doit mettre l’information à la disposition des élèves. Il doit les aider à la traiter eux-mêmes de manière à pouvoir la comprendre et l’assimiler. Il n’est pas là pour imposer quoique ce soit. Son rôle n’est pas d’expliquer ou de parler, empêchant du même coup les gens de réfléchir. Il est là, justement, pour leur permettre de réfléchir. Bien sûr, rien ne lui interdit d’expliquer, lorsque c’est utile ».
Nous n’étions, évidemment, pas les premiers à avoir de telles idées, mais le fait d’avoir l’impression de les découvrir nous-mêmes leur donnait beaucoup de force.